Les Echos.fr: L'intersyndicale d'Air France rejette le nouveau plan stratégique.

Publié le par Briand Sylvia

Les Echos.fr: L'intersyndicale d'Air France rejette le nouveau plan stratégique.

Les principaux syndicats de la compagnie réclament l’abandon des mesures de réduction de la flotte et des effectifs décidées pour 2016 et menacent d’appeler à l’action.

« Un plan de décroissance dissimulé par un ingénieux plan de communication » : tel est le jugement sans appel porté par l’intersyndicale d’Air France sur le nouveau plan stratégique présenté le 15 janvier dernier par la direction. L’intersyndicale, qui réunit onze organisations, dont le principal syndicat de pilotes SNPL, la CGT, FO et les principaux syndicats de personnels de cabines, a arrêté une position commune le 21 janvier, qui augure mal de la suite des négociations. « Le ton a certes changé, mais les faits eux sont têtus, affirme le communiqué. Si les annonces consacrent un abandon du plan B [...], le plan diffusé ce 15 janvier n’en demeure pas moins un projet de diminution de la flotte d’Air France similaire à celui programmé lors du plan Perform 2020 ».

Un plan de « croissance négative »

En effet, si le nouveau plan de la direction fait miroiter une reprise de la croissance de l’offre à compter de 2017 , à un rythme de 2 % à 3 % par an, il ne revient pas sur les mesures d’économies déjà lancées pour 2016, qui incluent 1.000 suppressions de postes et le retrait de 5 appareils long-courriers en 2016 (dont les derniers Boeing 747). Compte tenu de cette baisse déjà actée dans le programme de vol estival, il faudrait donc attendre 2019 pour que la flotte long-courrier d’Air France retrouve son niveau de 2015, soit 107 appareils. Un plan de « croissance négative », selon la formule du SNPL, que rejettent les syndicats, estimant de surcroît qu’il « n’écarte en aucun cas les menaces de licenciements ». « Les seules voies de développement proposées passent de fait par un énième plan de délocalisation via KLM ou les filiales de Transavia et la systématisation de la sous-traitance », affirme le communiqué, qui tente la synthèse entre les préoccupations des navigants et des personnels au sol.

Les Boeing 787 réclamés dès 2016

Pour l’intersyndicale d’Air France, la reprise des négociations et la conclusion d’un accord avec la direction doit donc passer par « l’annulation des sorties de flotte annoncées » et « l’arrivée des Boeing 787 conformément au calendrier initial », ainsi que des « garanties quant à la maintenance, l’assistance et l’exploitation ». Ce qui reviendrait en fait à annuler les mesures d’attrition prévues pour 2016, ainsi que les 1.000 suppressions de postes déjà programmées. L’intersyndicale justifie sa demande par « la croissance du transport aérien dans le monde entier », « le faible prix du pétrole » et surtout « les résultats d’Air France », le résultat d’exploitation 2015 s’annonçant bien meilleur qu’attendu. Selon nos informations, Air France, qui n’a pas gagné d’argent depuis sept ans, aurait finalement généré plus de 400 millions d’euros de résultat d’exploitation en 2015 , au lieu des 250 millions budgetés, grâce à la baisse de sa facture pétrolière, qui devrait s’amplifier en 2016.

Le SNPL AF en appelle à l’Etat

Mais pour l’heure, les négociations qui devaient reprendre avec le SNPL, semblent dans l’impasse. « Cela ne servirait à rien de négocier un projet qui n’est pas celui qu’attendent les salariés », explique Philippe Evain, le président du bureau Air France du SNPL. Pour le représentant des pilotes d’Air France, le premier responsable de cette situation de blocage est le gouvernement. « Malgré nos demande répétées, l’état n’a toujours pas fait sa part du travail, souligne Philippe Evain. Il a laissé passer la hausse des redevances d’Aéroports de Paris, il a lâché des créneaux horaires pour les compagnies du Golfe et n’a rien fait pour revoir le mille-feuille de taxes et de surcoûts, qui représentent près de 700 millions d’euros par an de surcoûts pour Air France ».

Dialogue de sourds

Ces exigences ne sont pas totalement nouvelles. Le bureau Air France du SNPL a toujours posé comme préalable à l’acceptation d’efforts supplémentaires de productivité, la présentation d’un plan de développement par la direction, assorti d’un geste de l’Etat pour réduire les charges. Mais de son côté, la direction a toujours posé comme préalable à la reprise de la croissance la signature d’un accord avec les pilotes pour augmenter la productivité et réduire l’écart de compétitivité avec les concurrents. Quant au gouvernement, le Premier ministre s’est dit prêt à « accompagner » la signature d’un accord entre les syndicats et la direction, mais pas à le devancer. Une récente rencontre entre les représentants du SNPL AF et les conseillers de Manuel Valls n’a apparemment pa suffit à faire bouger les choses. « L’Etat a tous les éléments du problème en main, assure Philippe Evain. Nous leur avons remis un dossier complet, expliquant comment Air France-KLM a naturellement tendance à délocaliser de l’activité chez KLM en raison des surcoûts pesant sur Air France. Cela représente environ 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires perdu au profit de KLM », affirme-t-il.

La grève est « envisageable »

La reprise du dialogue semble donc tourner de nouveau au dialogue de sourds chez Air France. « En l’absence de réaction rapide de nos dirigeants, l’intersyndicale sera amenée à proposer aux salariés une série d’actions rapides dans un délai extrêmement court », annonce le communiqué. « Le ton va se durcir, confirme Philippe Evain, pour qui « une grève clairement est envisageable, car il en va de l’avenir de la compagnie ».

Accord sur l’emploi des personnels au sol

Cependant, comme souvent chez Air France, le pire n’est jamais sûr. La direction a ainsi annoncé ce mardi la signature avec trois syndicats, CFDT, CFE-CGC et UNSA, non membres de l’intersyndicale, d’un accord de gestion prévisionnel de l’emploi des personnels au sol, par lequel elle s’engage à ne procéder à aucun départ contraint d’ici au 30 juin 2018. « C’est un évènement important, souligne Gilles Gateau, le nouveau DRH d’Air France. Cet accord fixe la façon dont l’entreprise va gérer les évolutions de l’emploi pour les personnels au sol durant les trois prochaines années. Nous savons qu’il y a aura des suppressions d’emplois à gérer, liées à l’évolution des métiers ou à celle de l’activité. Par cet accord, l’entreprise s’engage à traiter ces suppressions de postes sans départ contraint, mais des plans de départs volontaires et des mesures de mobilité interne et de formation. Cet accord majoritaire illustre aussi une évolution du climat social au sein de l’entreprise», ajoute-t-il.

Début des négociations salariales

Par ailleurs, une autre négociation s’ouvrira ce mercredi avec les partenaire sociaux sur la politique salariale de l’entreprise, qui pourrait là-encore déboucher sur la signature d’un accord. Forte d’un rentabilité retrouvée, Air France devrait en effet annoncer le versement de primes d’intéressement et de participation à tous les salariés au titre de 2015, ainsi qu’une forte augmentation de l’enveloppe de participation et d’intéressement au titre de l’année 2016 et 2017. De quoi mettre de l’huile dans les rouages du dialogue social, passablement grippé..

Publié dans air france

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